Depuis toujours, Juliette avait en elle un devoir de rendre la justice à ceux qui en avait besoin. Ainsi, elle ne supportait pas être avantagée à cause de sa classe sociale, à cause de son nom, et n’aimait pas se vanter de la fortune Capulet comme ses frères avaient l’habitude de faire. Juliette voulait voler de ses propres ailes et vivre comme bon lui semblait. Mais son père s’efforçait à la maintenir prisonnière dans son immense manoir. Et lorsqu’il ne pouvait pas l’enfermer, il s’assurait qu’elle soit suivie et surveillée de très près. Peu importe les lieux que la jeune femme fréquentait, elle était sûre d’y trouver un des sbires de son père. Cette étouffante protection la poussait, depuis son adolescence, à fuir en cachette vers la ville, où elle passait ses nuits à la découvrir et à l’apprivoiser. Au fil des années, elle avait fini par développer un talent inouï pour la dissimulation et la diversion, si bien que même sa propre famille n’y voyait rien. Juliette était discrète et savait disparaître sans que personne ne s’en rende compte. La disparition de sa mère l’avait énormément affectée, elle s’efforçait de ne pas le montrer et elle avait pris l’habitude de ne pas en parler. Même à sa nourrice, qui l’avait élevée comme l’aurait fait Rose Capulet. Juliette la considérait beaucoup, elle représentait bien plus qu’une figure maternelle dans l’enceinte de la propriété : elle était sa confidente, sa conseillère et l’amie que Juliette avait l’autorisation d’avoir. Ses frères étaient également proches de Juliette, mais la peur que celle-ci disparaisse dans un chaos de rivalité, ils semblaient agir de la même façon que leur père. Juliette avait hérité de l’espièglerie de sa mère et cela épuisait parfois son père, elle cherchait toujours à s’enfuir, comme une captive. Plus il ajoutait des interdits, plus Juliette les contournait. Alors que Juliette rêvait de liberté, sa tragique destinée l’empêchait de vivre comme bon lui semblait. Comme un oiseau dans une cage dorée, elle passait son temps à imaginer sa vie idéale, en espérant qu’un jour, sa vie rêvée se transforme en réalité. Tout en remplissant ses obligations familiales, tout en se fondant dans la masse, Juliette cherchait encore la pièce manquante pour combler son bonheur : l’aventure. Et tout ce que la réalité ne pouvait lui apporter, elle allait le chercher dans ses livres ou à travers les autres. Et lorsqu’elle rejoignit la confrérie des Assassins, Juliette pris goût à cette aventure à la fois interdite et fascinante.